Histoire résumée des Douze Tribus

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Père et fils

Elbert Eugène Spriggs père vivait à Chattanooga, Tennessee. C’était un ouvrier très respecté, car ses fortes croyances religieuses s’exprimaient dans une vie exemplaire. En 1937, il eut un fils : il espérait qu’il suive ses pas. « Gene » respectait son père et voulait lui faire plaisir. Mais à cause de la pression de groupe, il commença à faire des choses qu’il savait mauvaises. Certains auraient souri en disant que les enfants seront toujours des enfants. Mais le père de Gene n’avait jamais approuvé que les adolescents se réunissent pour boire et fumer. En apparence, Gene semblait prospérer, étant reconnu comme un très bon joueur de football américain, mais sa conscience ne le laissait pas en paix. Il se sentait loin de vivre les standards chrétiens que son père lui avait inculqués. Cette culpabilité le poussa à se marier à 19 ans, alors qu’il n’était pas prêt à assumer un tel engagement. Ce mariage n’a pas survécu.

 A l’armée, il faisait passer les tests psychologiques aux nouvelles recrues. Il en était sorti avec le titre de « meilleur soldat » de son unité. Puis il devint professeur et conseiller d’orientation. Il se maria une seconde fois en espérant une relation durable. Pendant plusieurs années, il exerça la fonction de chef du personnel dans l’entreprise où son père avait travaillé toute sa vie. Il devint aussi secrétaire du Rotary Club. Les compromis qu’il devait faire, par rapport aux principes de son père, le mettaient mal à l’aise. Il rompit avec sa deuxième femme. Pour échapper à sa condition, il choisit un poste de directeur de voyages organisés. Mais ce style de vie créait en lui des conflits intérieurs.

La mort de son père l’affecta profondément. Sur son lit de mort, Mr. Spriggs lui montra l’urgence de donner sa vie à Dieu. Sans vraiment comprendre, Gene lui promit qu’il allait le faire. Mais il fut emporté par le tourbillon des années 60 et dans sa recherche du bonheur, il se maria une 3ème fois, en gardant l’espoir de changer. Déjà les problèmes surgissaient avec sa nouvelle femme et il décida d’aller visiter de la famille en Californie. En chemin, il rencontra un ami en Alabama qui lui proposa de tenir un stand de fête foraine pour quelques jours. (Ironiquement, ce bref essai a permis aux journalistes de le qualifier d’« ancien bonimenteur de foire » plutôt que d’« ancien professeur »…). C’est là qu’il se souvint des paroles de son père en voyant des êtres humains dégradés, au niveau culturel trop bas pour pouvoir cacher leur condition misérable. Tous ces « monstres » : la tromperie, l’immoralité, la moquerie… tout cela lui brisait le cœur. Dans sa détresse, une question surgit dans son âme : « Est-ce pour cela que je t’ai créé ? ». Il fut profondément perturbé, car cette question concernait non seulement sa propre personne mais aussi l’humanité entière. Il ne pouvait pas y répondre. Il s’enferma dans sa chambre d’hôtel et tombant à genoux, il se mit à implorer Celui qui lui avait posé la question. Il dit à son Créateur qu’il savait qu’il n’avait pas été créé pour vivre de cette manière. Il exprima son profond regret pour avoir mené une vie déréglée. Il ne savait que faire mais il voulait être sauvé de ses péchés. Il avait 33 ans, et sa femme n’avait aucune envie de vivre avec quelqu’un qui se demandait pourquoi il avait été créé. Elle le quitta. Gene continua son voyage vers la Californie, mais avec une toute autre motivation. Il voulait se rendre à son Créateur.

Le “Jesus Movement” battait son plein. Il y avait une excitation que Gene n’avait pas connue dans sa jeunesse. C’était facile de louer Dieu, prêcher dans la rue, distribuer des tracts… Il s’engagea dans une mission caritative, rencontra beaucoup de chrétiens célèbres. Il avait à cœur d’aider les adolescents en marge de la société. Mais il réalisa vite que la plupart des gens manquaient de convictions profondes, qu’ils suivaient juste une mode. Malgré leur zèle, Gene pouvait déjà voir ce feu s’éteindre. Tout retombait doucement dans la routine religieuse.

 Pendant une promenade sur une plage californienne, il se retrouva face à la vérité de l’Évangile de Jean : “Je suis la vigne, vous êtes les sarments ; celui qui demeure en moi et moi en lui, porte beaucoup de fruits ; car sans moi, vous ne pouvez rien faire.” (Jean 15 : 5). Sa vie ne deviendrait vraiment utile qu’au travers de l’obéissance, en devenant dépendant de son Sauveur. Alors il pourrait enseigner à d’autres personnes à faire la même chose. Finalement, il quitta la Californie en direction de l’Est. Il avait appris que les Montagnes Rocheuses étaient pleines de gens qui avaient abandonné le mode de vie conventionnel pour essayer de trouver la paix. Peut-être trouverait-il là des gens qui voulaient entendre la bonne nouvelle du salut ?

 

Une athéiste radicale.

 Dans un petit village typique de montagne vivait une jeune femme nommée Marsha. Au contraire de Gene, elle avait vécu sans rien connaître de la Bible et avait peu fréquenté les églises. Les cours de philosophie qu’elle avait reçus et l’hypocrisie religieuse qu’elle avait observée l’avaient convaincue que Dieu n’existait pas. Elle ne croyait pas que les chrétiens aient vraiment une relation personnelle avec Dieu, parce qu’elle voyait leurs vies consumées par les mêmes ambitions personnelles, les mêmes plaisirs, la même vanité que la sienne. Si Dieu existe, pensait-elle, ceux qui le connaissent devraient vivre d’une façon différente. Les relations superficielles du collège l’avaient poussée à aller vivre dans ce petit village pour chercher l’amour et la paix, en communion avec la nature. D’autres désiraient la même chose – être réels. Mais bien vite, ses amis ont perdu leurs idéaux. L’amour et la passion pour la justice semblaient passer de mode.

 Quand Gene est arrivé dans le village, elle admira son ardeur mais fut d’abord offensée par sa Bible. Pourtant, quand il lui a parlé de l’amour de cet homme, nommé Jésus, et de son haut standard de justice, elle fut intriguée. Si on faisait ce que cet homme disait, il en résulterait la société dont Marsha avait toujours rêvé... Elle assaillait Gene de questions. Pourquoi n’avait-elle jamais vu ces paroles mises en pratique ?  Pourquoi les chrétiens ne faisaient-ils guère plus que s’habiller élégamment pour se rencontrer dans des édifices sophistiqués, même dans les pays souffrant de la pauvreté ? Gene ne savait que répondre. Tout ce qu’il savait, c’était que le fils de Dieu l’avait sauvé et qu’Il ferait de même pour tous ceux qui le lui demanderaient sincèrement. Ce n’était pas la faute de Dieu si les hommes n’obéissaient pas à Sa parole. Marsha ne pouvait pas rejeter la vérité qu’elle entendait. Cette athéiste endurcie mit alors sa confiance dans le fils de Dieu, car elle fut convaincue qu’Il était le seul espoir pour l’humanité.

Peu de temps après, ils se marièrent. Gene savait que plusieurs choses de sa vie passée au Tennessee n’étaient pas résolues. Il ne pouvait pas se dévouer à accomplir le but de Dieu sans avoir la conscience en paix. Faire face à son passé à Chattanooga était pénible et le Sud était le dernier endroit sur terre où Marsha désirait vivre, car elle était imprégnée par les préjugés pseudo-libéraux de son éducation californienne. Mais leur vie ne leur appartenait plus. Ils commencèrent à travailler et peu à peu toutes les dettes furent payées et les torts réparés. Durant cette période, ils fréquentèrent diverses églises où leur zèle attira beaucoup l’attention. Ils commencèrent à ouvrir leur maison à tous ceux qui voulaient connaître leur Sauveur. Beaucoup de jeunes venaient à leurs réunions pour chanter et parler de Jésus. A cause de l’amour qu’ils expérimentaient, plusieurs ont arrêté de se droguer. On appréciait leur action. Chaque dimanche, avec leur véhicule, Gene et Marsha déposaient des jeunes dans différentes églises. Le mouvement devint populaire et contentait tout le monde.

Leur petite maison s’appelait “Light house” et ses habitants, alors peu nombreux, partageaient leur foi dans un journal gratuit appelé “Light Brigade.” Ils apprenaient avec enthousiasme comment s’aimer les uns les autres avec une bonne conscience et ils expérimentaient une nouvelle vie. Chaque fois qu’il y avait un concert ou un événement public, ils allaient y distribuer des journaux. La réponse fut étonnante. Des adolescents se présentaient à toute heure du jour et de la nuit. Certains n’avaient nulle part où aller. S’ils continuaient à partir au travail, Gene et Marsha ne pourraient pas prendre soin d’eux. Et ils avaient besoin d’une plus grande maison… Comment faire pour joindre les deux bouts? Demander des subventions était hors de question. La Bible leur commandait de travailler de leurs mains pour partager avec ceux qui étaient dans le besoin.

C’est de cette nécessité qu’est né le restaurant “Yellow Deli”. Ils s’étaient mis à entretenir des jardins pour gagner de quoi louer un local. Après deux mois de rénovation et une couche de peinture jaune, ils avaient un endroit où ils pouvaient travailler ensemble tout en apprenant à obéir à leur Sauveur. Et tous ceux qui venaient manger un sandwich pouvaient avoir un aperçu de cette nouvelle vie, qui était le fruit du pardon et de l’Esprit Saint qu’ils avaient reçus. Sur le menu, ils avaient imprimé : “Notre spécialité est le fruit de l’Esprit. Pourquoi ne pas demander ?” Les gens aimaient rester là pendant des heures pour parler. C’était un endroit paisible. Les journaux locaux parlèrent beaucoup d’eux en bien.

Ils trouvèrent enfin une grande maison qui avait besoin de rénovations. Elle se trouvait dans la rue de la Vigne. Gene se rappela du verset de la Bible : « Je suis la vigne…sans moi vous ne pouvez rien faire ». Alors ils l’appelèrent la “Vine House”. Ils continuaient à fréquenter plusieurs églises, mais des problèmes commençaient à surgir. Certains se plaignaient de ces hippies et de ces noirs qui envahissaient leurs assemblées respectables. En effet, Gene et Marsha avaient des difficultés à trouver des vêtements corrects pour habiller tout le monde de façon présentable. Et les jeunes « disciples » commençaient à poser des questions embarrassantes. Ils étaient curieux de savoir pourquoi ces chrétiens étaient si riches alors que beaucoup de pauvres habitaient aux alentours. Et pourquoi étaient-ils si distants ? Un dimanche, une étincelle mit le feu aux poudres. L’église avait annulé son service à cause d’une finale de football retransmise sur écran géant. Le prêcheur avait beaucoup à dire dans ses sermons, mais il avait jugé plus important de voir le match.

Depuis ce jour, leur groupe n’alla plus dans les églises. Le dimanche matin, ils allèrent dans un parc voisin pour louer et chanter. Après tout, la Bible ne mentionnait pas la nécessité d’un prêcheur dans une chaire avec un public, assis sur des bancs, l’écoutant silencieusement. Au contraire, la première lettre aux Corinthiens dit que chacun doit amener un psaume, un enseignement, une parole d’encouragement (1 Cor 14:26) …. Quelque chose de merveilleux avait commencé : ils découvrirent qui ils étaient et ce que Dieu voulait faire sur la terre. Des versets qu’ils n’avaient pas encore remarqués leur ouvrirent les yeux sur la vie des disciples au 1er siècle après J.C. “Tous ceux qui croyaient étaient ensemble et avaient tout en commun.” (Actes des Apôtres 2 :44) “Tous les croyants avaient le même cœur, la même pensée. Personne ne proclamait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils partageaient tout ce qu’ils avaient.” (Actes des Apôtres 4 :32) 

 Des antagonistes religieux protestèrent, parce que « la communauté de la Vigne » ne dépendait plus d’eux : ils priaient à leur manière, choisissait leurs leaders parmi eux, propageaient leurs enseignements … Les membres de la communauté ne comprenaient pas vraiment ce qui se passait, mais ils essayaient de faire la paix. On les accusait de prétendre être “les seuls”. Des rumeurs calomnieuses et des mensonges se répandaient. Ils n’étaient plus aussi populaires. Leur nombre grandissait. Ils durent acheter une autre maison. Quand un disciple venu d’une autre ville proche voulait y retourner pour monter un restaurant, ils y achetaient une maison pour se loger, et trouvaient un bâtiment pour le restaurant. Au bout de 5 ans, ils faisaient tourner sept “Yellow Deli” à Chattanooga et dans les environs, et occupaient une douzaine de maisons. Ils continuaient à tout partager volontairement. Ils étaient devenus un noyau solide de disciples sincères, plus qu’une simple bande de jeunes qui aimaient Jésus. Des moments difficiles mettaient leur dévotion à l’épreuve ; ceux qui restaient étaient motivés par de profondes convictions.

 

Des oiseaux de tous plumages 

Nombreux sont ceux qui, en ces débuts, rejoignirent la communauté pour un court moment.  Pourtant, aujourd’hui, 40 ans plus tard, beaucoup parmi ces premiers disciples sont toujours dévoués à leur Sauveur. Loin de chercher à vivre en communauté, et d’avoir les mêmes idées, ils venaient de milieux très différents.

Joy et Cindy venaient du collège où Gene enseignait. La plupart étaient des environs de Chattanooga, mais d’autres venaient du Vermont, de Californie, d’Inde, du Brésil… John, par exemple, a abandonné l’université, déterminé à trouver un endroit où on pratiquait les enseignements de la Bible. Après avoir marché plus de 1000 kms, il rencontra un membre de la communauté qui lui demanda s’il avait un endroit pour dormir. En tout, c’est une douzaine de voyageurs qui acceptèrent ainsi l’hospitalité de cette communauté dont ils n’avaient jamais entendu parler et sont restés pour toujours. Connie, Al et Liz, des jeunes de 16 ans ont décidé de devenir disciples. Si Liz obtint la permission de ses parents de venir y vivre de suite, les autres durent attendre d’avoir 18 ans pour rejoindre la communauté. Gary, un programmateur de 35 ans, Charles un noir directeur d’usine plein d’avenir, Eddie, entrepreneur en Floride, Pat, un professeur ; Kathy, une responsable de la musique pour une église. Ce qui les a poussés à abandonner leur carrière pour laver la vaisselle au restaurant ? La même chose qui fascinait les tout jeunes disciples : ils entendaient les paroles du fils de Dieu présentées avec tant de clarté et d’autorité… et ils voyaient une démonstration de Son amour dans le quotidien. Ils voulaient Lui appartenir et devenir comme Lui. Cela avait plus de valeur pour John (un noir, vétéran du Viêt-Nam et de Corée), que sa carrière d’animateur à la radio. De même pour David, qui venait de recevoir l’offre d’emploi dont il rêvait : enseigner à propos d’une réserve indienne. Danny, Linda, Bob et Deb, étaient étudiants dans un collège chrétien. Margo, Michaël, Emily et Rose vivaient dans une communauté hippie en Altamont. Tous ceux-là arrivèrent dans la communauté à peu près au même moment.

 Ces personnes si différentes pouvaient supporter la pression de “cocotte-minute” de la vie communautaire, car ils pouvaient oublier le passé et ne plus vivre selon leur tempérament naturel. Quelque chose amena des chrétiens bien pensants à se lier d’amitié avec Dicky, qui se droguait et pratiquait la méditation transcendantale. Les barrières sociales se rompirent entre Robert, diplômé d’une grande université et Joe, fils de métayer qui avait peu fréquenté l’école. Bill fut envoyé vivre dans la communauté pour faire des recherches pour sa thèse… il n’est jamais reparti. Artie, blessé dans un accident de moto, pouvant à peine marcher et parler, trouva la même chose. Josy et Gayle abandonnèrent leur ministère auprès des ouvriers latino-américains. Patti, Alan et Susan n’ont pas écouté les avertissements de leurs professeurs d’un collège ultraconservateur et nous ont rejoints. Kirsten, Thomas et Rebecca ont dû endurer le kidnapping et la tentative de déprogrammation mentale.

Pour eux tous, un passage dans la bible que leur lisait souvent Gene résumait parfaitement ce qu’ils avaient découvert :

“L'amour est patient, il est plein de bonté. L'amour n'est pas envieux. L'amour ne se vante pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il n'agit pas avec inconvenance, il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s'irrite pas, il n'impute pas le mal, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit avec la vérité. Il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout.” (1 Corinthiens 13 : 4-7)

 

Le Royaume du Nord-Est

Jay a grandi dans l’État de Massachusetts. Au volant de sa “Mustang” en direction du Sud des États-Unis pour visiter le frère de sa fiancée et trouver du travail pour l’été, il pensait bien qu’il allait découvrir une culture différente. Il n’avait pas idée qu’il trouverait là une toute nouvelle vie. Et il savait encore moins qui allait partager cette vie avec lui.

Quand il rencontra la communauté à Chattanooga, il voulut en parler à tout le monde. Alors, lorsqu’il retourna dans le Vermont pour se marier, il essaya d’expliquer à tous ceux qu’il connaissait ce qu’il avait trouvé. Il leur fit même écouter une cassette des chansons de louanges de la communauté. Cela ne sembla pas les impressionner. Mais ce n’était pas la musique qui avait capturé le cœur de Jay ; c’était les relations entre les membres de la communauté. Parce qu’elle aimait Jay, Annette décida de venir vivre dans le Sud avec des gens qu’elle ne connaissait pas. Elle s’attacha à eux très vite.

Pendant ce temps, dans le Vermont, Jackie, la sœur d’Annette et Andy son mari avaient des réunions de prières avec Richard, un réparateur de TV, Steve et Gene, deux bûcherons et leurs femmes. Ils fréquentaient aussi Maurice, le livreur et Guy, le propriétaire d’un restaurant qui voulait partager sa maison et ses finances. D’autres pensaient ouvrir une maison de retraite chrétienne. Ils désiraient tous expérimenter la vie dans laquelle Jay et Annette s’étaient engagés. Quelqu’un de Chattanooga ne pourrait-il pas venir leur montrer comment faire ? Ils n’avaient pas beaucoup d’argent… Non, la communauté de Chattanooga n’avait pas d’enseignants à louer. Mais trois couples allaient s’installer à Island Pond à leurs propres frais, pour démontrer la vie qu’ils avaient reçue. Si des familles du Vermont voulaient se joindre à eux, elles seraient bien sûr les bienvenues… Cinquante personnes les ont effectivement rejoints dès la première année. Elles étaient plus âgées que celles du Sud. Ils avaient déjà des enfants, des maisons, des terres et des affaires commerciales. Des anciens furent désignés et une période de transition commença. Les entreprises où les disciples pouvaient travailler ensemble furent développées, et celles qui empêchaient la vie commune ont cessé leurs activités. Chacun devait trouver sa place. La communauté du Vermont avait besoin d’aide et des personnes expérimentées furent envoyées de Chattanooga pour enseigner les enfants, établir les équipes de travail, rentrer du bois pour l’hiver…

 

 C’est alors qu’il arriva quelque chose de peu ordinaire. En 1978, après les évènements tragiques de Jonestown en Guyane, une hystérie anti-secte déferla sur Chattanooga. Des accusations d’abus d’enfants ont été lancées contre la communauté. La police arrêta illégalement des véhicules de la communauté afin d’effectuer un contrôle médical sur les enfants. Ignorants de leurs droits, ils s’y soumirent. Si aucun signe de maltraitance n’a été trouvé, tout le monde fut secoué par cette expérience traumatisante. L’absence des couples qui étaient partis aider à Island Pond a contribué à rendre les jeunes couples vulnérables devant ces nouvelles difficultés. Remplis de compassion, les disciples du Vermont décidèrent de leur ouvrir leurs maisons et de partager leurs maigres revenus. Ils ne pouvaient pas laisser leurs frères dans la détresse. Peu leur importaient les sacrifices que cela leur coûterait. Au moins, ils y feraient face ensemble. En 1980, les communautés du Sud n’existaient plus et la population d’Island Pond avait augmentée de 10%.

 

Le petit troupeau

Les visas de Dieter et Martin, deux allemands qui étaient devenus des disciples alors qu’ils voyageaient aux États-Unis, étaient sur le point d’expirer, et ils devaient donc retourner dans leur pays d’origine. Les communautés d’Amérique ne pouvaient envisager de les laisser se débrouiller tout seuls à des milliers de kilomètres de là. Alors ils envoyèrent Gene et Marsha avec eux pour les aider. A leur arrivée en Allemagne, il leur fut difficile de faire face à la culture germanique rigide, mais quand Martin eut présenté Gene à ses anciens amis alternatifs de Steinenberg, quelque chose d’inattendu se passa. La plupart des amis de Martin tombèrent amoureux du Sauveur (dont leur parlait Gene), cet homme qui les avait aimés au point de prendre leur place dans la mort. Ils voulaient vivre pour Lui. Aussitôt, la maison communautaire changea d’ambiance. Quelques uns, ne voulant pas abandonner leur drogue ou leurs opinions, partirent. Gene et Marsha devaient maintenant prendre soin non pas de deux nouveaux disciples seulement, mais de plusieurs. Voyant cela, les communautés d’outre-Atlantique envoyèrent un couple, Arthur et Judy, pour les aider à enseigner à tous ces jeunes disciples comment obéir aux commandements du Fils de Dieu. D’autres encore vinrent les rejoindre, pour les épauler de différentes manières.

Pendant quelques années, la maison de Steinenberg fut habitée par ces disciples, qui furent fidèles à chercher ceux qui pouvaient être ouverts au message qu’ils avaient eux-mêmes reçu. Ils chantaient et dansaient dans les marchés où ils vendaient leur pain ; ils imprimaient des journaux en allemand et prenaient leurs sacs à dos pour parcourir la région. Mais peu de personnes les rejoignirent, et ils restèrent un « petit troupeau ». C’est alors que le propriétaire de la maison où ils habitaient décida de la démolir. Mais leurs amis aux États-Unis n’avaient pas les moyens d’en acheter une autre. Ils trouvèrent quelqu’un qui leur permit de camper sur son terrain, mais peu après, les autorités leur dirent de partir. Comme une caravane de gitans, ils se mirent en route à la recherche d’un foyer.

Ils quittèrent l’Allemagne pour parcourir, durant une année, la France, le Portugal et l’Espagne. Leurs frères et sœurs d’Amérique priaient comme eux quotidiennement, pour que ce petit troupeau puisse trouver une grande maison. Partout où ils allaient, ils demandaient aux gens s’ils connaissaient une maison inhabitée, ou des personnes qui aimaient Dieu de tout leur cœur… sans succès. Enfin, ils rencontrèrent une gentille hôtelière sur la côte andalouse à qui ils expliquèrent leur situation. Elle leur offrit d’occuper un château délabré dans le Sud de la France. Son prix était trop élevé pour qu’ils puissent l’acheter, mais le petit troupeau pouvait y rester, moyennant l’entretien de la propriété, jusqu’à ce que celle-ci soit mise en vente. C’était l’endroit idéal.

Lorsque ce moment arriva, deux ans plus tard,  les frères d’Amérique ne purent pas supporter l’idée que leurs amis repartent en voyage. Ils se mirent à travailler jour et nuit pour gagner l’argent nécessaire pour acheter la maison de Sus. L’argent nécessaire à l’achat arriva juste au bon moment pour que la communauté ait une maison bien à elle. Pendant ce temps, de nouveaux disciples s’ajoutèrent au petit troupeau, non seulement des Français, mais aussi des Allemands, Espagnols et même Australiens…

 

Expansion imprévue.

Marc passait en vélo devant le château, et un jeune homme l’invita après avoir couru après lui. Il fut touché par son hospitalité, et accepta de rester pour la nuit. Il faisait partie des nombreux visiteurs de la communauté, mais quelque chose le différenciait des autres. Il était australien et il était attiré par cette vie radicalement différente. Il voulut être pardonné de ses péchés et devenir disciple. Parce qu’il devait retourner dans son pays, la communauté du Vermont envoya quelques-uns de leurs plus vaillants disciples l’accompagner en Australie.

Pendant ce temps-là, aux États-Unis, plusieurs Canadiens avaient visité les communautés du Vermont. Après avoir considéré le message radical qu’ils entendaient, ils décidèrent eux aussi de payer le prix de devenir des disciples : Jean quitta son travail de machiniste, Denis arrêta de vendre des médicaments, David signala à Air Canada qu’il n’allait plus piloter leurs avions, et Richard démissionna de son poste de chef comptable dans une grande entreprise. Ils ne pouvaient vivre au Vermont, sauf Richard dont la femme était citoyenne américaine. Alors, malgré tous leurs besoins propres, plusieurs membres responsables du Vermont furent envoyés au Canada pour y établir une communauté.

Depuis quelques années, Bob, qui avait été élevé au Brésil par des parents missionnaires américains, exprimait le désir que les Brésiliens puissent aussi entendre la Bonne Nouvelle. Or, il était l’un des principaux responsables, apparemment indispensable, dans une des communautés aux Etats-Unis. Ses frères réalisèrent qu’il serait égoïste de le retenir, et ils l’envoyèrent là où son cœur l’appelait.

C’est souvent à cause de circonstances difficiles, et au prix de grands sacrifices que des disciples furent envoyés pour établir des communautés. Mais après tout, c’était la fondation sur laquelle leur nouvelle vie avait été mise dès le début : combler les besoins urgents, partager de leur nécessaire, faire tout ce que l’amour demande. Ils n’avaient pas du tout planifié comment répandre leurs croyances ou leur style de vie. Ils n’avaient jamais eu l’intention de devenir un réseau de communautés internationales. Cependant, vers 1990, des communautés étaient déjà établies dans 4 pays en plus des Etats-Unis. Un peu avant l’an 2000, se sont ajoutées celles d’Espagne, d’Allemagne, d’Argentine, d’Angleterre, et d’autres en Floride et dans le centre des Etats-Unis.

 

Des os desséchés.

Les disciples ne s’étaient jamais imaginé être l’accomplissement des prophéties de la Bible. Mais au fil des années, il devenait de plus en plus clair qu’une restauration avait commencé et qu’ils vivaient à un moment important de l’histoire. Dans les années 70, les disciples avaient senti au plus profond d’eux-mêmes qu’ils devaient suivre leur Sauveur plutôt que d’aller à l’église. Au fur et à mesure qu’ils lisaient la bible, ils y trouvaient la confirmation que leur manière de vivre était plaisante à Dieu. En effet il était écrit que, dans l’Eglise du 1er siècle après J.C, les disciples s’aimaient les uns les autres sans penser à eux-mêmes, et qu’ils étaient différents de la société dont ils étaient issus. Ils avaient leur propre culture.

Il était évident que la ferveur de cette vie manquait aux chrétiens du 20e siècle. Le contraste n’était pas flagrant entre ceux qui allaient à l’église et ceux qui n’y allaient pas ! En effet, aucun message ayant autorité n’indiquait clairement quelle était la volonté de Dieu pour ceux qui voulaient lui obéir, tandis que le message que les premiers disciples avaient reçu les avait convaincus d’abandonner leurs filets de pêche, leurs bureaux de collecteurs d’impôts, toutes leurs possessions. Il leur était commandé de rompre leurs liens familiaux avec leurs proches s’ils s’opposaient à leurs convictions. L’apôtre Paul avait lui-même renoncé à sa position de «docteur de la loi», car celui qui veut prêcher avec autorité doit d’abord montrer l’exemple. Mais la chrétienté rejette cette radicalité. Elle dissèque intellectuellement la parole du Messie pour trouver de bonnes raisons de ne pas lui obéir.

Durant les années 80, la communauté continua d’être fascinée par la vie des premiers disciples, en se rendant compte qu’en réalité, la 1ère église n’était pas une religion, mais bien une nation : les 12 Tribus d’Israël, composées de prêtres, représentants de Dieu sur terre (Lettre aux Ephésiens, 2 :12 et 1ère lettre de Pierre, 2 :9). Cette nation avait une culture qui lui était propre. Pièce par pièce, le puzzle prenait forme. Une séparation radicale existait entre l’église du 1er siècle et le monde : les nations du monde fonctionnaient sur la base de la loi naturelle (ce que tout homme sait de manière innée dans sa conscience) ; mais la prêtrise (ou les “saintsˮ, ce qui signifie “mis à part pour servir Dieuˮ) avait une loi plus haute et une plus grande responsabilité. Au fur et à mesure que les communautés étudiaient l’Ancien Testament, des passages du Nouveau Testament devenaient plus clairs. Vivre en accord à la loi naturelle n’était pas mauvais, et Dieu promettait une récompense éternelle à ceux qui s’efforçaient de faire le bien. Mais une bonne morale n’est pas suffisante pour accomplir le but de Dieu sur la terre. Avant que le Messie ne revienne établir son Royaume, il doit y avoir un peuple séparé des nations du monde, vivant en obéissant à ses commandements. L’évangile selon Mathieu,  24 :14 et 21 :43 1 rendaient cela très clair.

Vers la fin des années 80, les disciples réalisèrent que cette nation sainte ne pourrait se perpétuer sans l’influence d’hommes justes dans les gouvernements, des défenseurs de la liberté de religion et des droits humains fondamentaux. Les communautés commencèrent alors à se rassembler matin et soir, entre autres pour prier pour les dirigeants des pays dans lesquels ils habitaient. Le message devenait percutant. Ils grandissaient en compréhension par rapport au fonctionnement d’une société qui appelle le bien mal, et le mal bien, et qui méprise celui qui travaille dur de ses mains, la femme soumise et les enfants respectueux. Les hommes luttent de plus en plus pour leur position sociale et désirent gagner beaucoup d’argent sans efforts, les femmes veulent les mêmes privilèges, et les enfants livrés à eux-mêmes se créent leur propre échelle de valeurs. Nous entrions réellement dans les temps annoncés par le Psaume 11 :3. Quand les fondements sont renversés, Le juste, que ferait-il ?

Les membres de la communauté ont senti l’urgence de communiquer la vie pure que leur Sauveur leur avait donnée. Ils continuaient à distribuer leurs journaux lors de différents évènements, et à envoyer des marcheurs avec des sacs à dos pour propager leur message. Puis ils ont institué un numéro de téléphone gratuit et plus tard un site Internet où les gens pouvaient trouver des réponses à leurs questions. La production de brochures s’est amplifiée avec les “Journaux gratuits des Douze tribusˮ (Twelve Tribes Freepapers).

Cette nouvelle culture émergeante prenait des contours de plus en plus clairs, des représentants des 12 tribus se réunissent régulièrement pour discuter des entreprises, de l’éducation, de la santé, de la nutrition, de la musique et de la danse…Des personnes cultivées et des enseignants passent d’innombrables heures à écrire des histoires et rédiger des livres scolaires qui permettent aux enfants de recevoir une bonne instruction à la maison. Plusieurs pièces de théâtre ont été créées pour être jouées localement, ou même dans de grandes villes comme Washington D.C. Des festivals nous rassemblent régulièrement.

A la fin du 20e siècle, des prophéties se réalisaient enfin, comme celle d’Esaïe 49:6:… «  C'est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël : Je t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre. » Il devenait très clair que ce « salut » atteignant les extrémités de la terre (dont parle Mathieu 24 :14, afin que le Messie puisse revenir et amener la fin de cet âge), dépend d’une nation de 12 tribus. Ces tribus, comme ils le comprenaient, étant la  descendance spirituelle d’Abraham (donc pas nécessairement composée de descendants naturels d’Abraham), seraient responsables d’être une lumière dans 12 points géographiques différents. Tout cela serait progressivement restauré, comme dans la vision des os desséchés dans Ezéchiel 37 2. Cette nation qui avait perdu son entière dévotion envers leur sauveur dès la fin du 1er siècle, pour devenir une institution religieuse vide, divisée et méconnaissable, comparée à la vie fervente des premiers disciples. Mais aujourd’hui, dans la restauration de toutes choses annoncée par les prophètes (Marc 9 :12) 3, maisonnée après maisonnée, clans après clans étaient unis et fleurissaient pour former cette nouvelle nation de douze tribus.

Les disciples réalisèrent que pour amener l’accomplissement de cette prophétie, ils devaient se montrer fidèles, car de nombreux mouvements avaient échoué au cours des 19 siècles passés. Aucun n’avait fait revivre la ferveur de l’église du 1er siècle, ni amené le témoignage que le Sauveur attend jusqu’aux extrémités de la terre. Tous avaient dérivé à cause d’intérêts égoïstes, de factions, de corruptions et de compromis. Jamais un peuple n’est parvenu être, ainsi qu’il est décrit dans Daniel 2 :32,44, comme « une pierre taillée de la montagne du monde sans l’aide de mains humaines ». Jusque-là, les sociétés ont atteint leurs objectifs à l’aide d’hommes charismatiques amenant toujours de nouvelles “grandes vérités”, ou de propagande et d’intrigues politiques,  et de la force militaire, le cas échéant. Mais le “Royaume de Pierre annoncé par Daniel va être établi grâce à l’amour de frères et sœurs sacrifiant leur temps et leur énergie, donnant leur vie les uns pour les autres, en réponse à Celui qui a tout donné pour eux.

L’histoire de nos 12 tribus, cette nouvelle nation spirituelle d’Israël, est arrivée à un tournant décisif. Il y a désormais des communautés établies en 12 lieux géographiques, formées par des hommes et des femmes solides, et véritables disciples depuis des décennies. Une riche culture s’y développe. Tous ont une compréhension de plus en plus claire de leur destination prophétique, et ils apprennent ensemble à tourner leurs cœurs vers celui de leurs enfants afin que ceux-ci puissent marcher à leur suite dans les voies de Dieu.
(Genèse 18 :19 4 et Malachie 4 :5-6 5)

Ils font maintenant face au test ultime. Vont-ils rester fidèles à la révélation de Gene Spriggs concernant Jean 15 :5 : “Sans moi vous ne pouvez rien faire.” ? Leur défi : continuer à dépendre de l’Esprit d’amour, et non de leurs habilités naturelles, pour ne pas devenir la proie de l’orgueil, des désirs égoïstes et des compromis qui ont empêché l’aboutissement de tous les mouvements initiés depuis 2000 ans.

Tout, vraiment tout, dépend de cela…

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1 Mathieu  24 :14  Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier,

pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.

Mathieu 21 :43  C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé,

et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.

2 Ezéchiel 37 : 7 à 11  Je prophétisai, selon l'ordre que j'avais reçu. Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os s'approchèrent les uns des autres. Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les

couvrit par-dessus ; mais il n'y avait point en eux d'esprit. Il me dit : Prophétise, et parle à l'esprit ! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent !

Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds : c'était une armée nombreuse, très nombreuse.

Il me dit : Fils de l'homme, ces os, c'est toute la maison d'Israël.

3 Marc 9 :12 Il leur répondit : Élie viendra premièrement, et rétablira toutes choses.

Et pourquoi est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit souffrir beaucoup et être méprisé ?

4 Genèse 18 :19  Car je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu'ainsi l'Éternel accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites...

 5 Malachie 4 :5-6  Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l'Éternel

arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le coeur des pères à leurs enfants, et le coeur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'interdit.

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Suggestion de lecture
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    Alors que Simon finissait de mastiquer son morceau de poisson, Yahshua tourna son regard vif dans sa direction, et avec un sourire lui posa cette question qui résumait tout :
        “Simon, fils de Yonah, m’aimes-tu plus que tout çà ?” Il fit un léger signe de tête en direction du rivage, des filets, du bateau et de la mer.

    suite

  • Fenêtre sur une de nos communautés